Commençons par une note rassurante sur le sujet qui nous occupe : les Parisiens ne sont pas les seuls mauvais élèves. Le phénomène des bureaux vides est bien connu des grandes villes du monde entier. Hong-Kong, Londres, San Francisco ou New York sont des abonnées du fléau des bureaux vacants.
Toutefois, l’accroissement du nombre de bureaux vides à Paris représente un vrai problème.
Comeandwork vous explique les causes et les conséquences de cette situation et vous présente quelques solutions envisageables pour y remédier. 🔍
Depuis la pandémie de COVID-19, les habitudes des travailleurs ont bien évolué. Certains métiers se prêtent désormais bien au format “digital nomad” et désertent donc les bureaux.
L’attrait grandissant pour le télétravail a ainsi laissé de nombreuses chaises vides dans les locaux parisiens. Un certain nombre d'entreprises ont donc décidé de délocaliser leur lieu de travail dans des villes au loyer moins élevé, l’argument d’accessibilité n’étant plus primordial.
De même, les habitudes grandissantes de flex office et de no paper ont bien diminué les besoins d’espace pour les locaux professionnels. Tout cela a libéré beaucoup de mètres carrés autrefois occupés.
Les taux d’intérêt immobilier ainsi que l’inflation rendent l’achat de locaux professionnels de plus en plus compliqué pour les entreprises. Ces dernières réduisent donc leurs objectifs d’espace. Finie la gourmandise, il s’agit dorénavant de se serrer la ceinture !
Paris étant très clairement en haut de la liste des prix de l’immobilier, les entreprises se tournent vers d’autres villes, moins chères, encouragées par les pratiques toujours plus populaires du télétravail. Résultat : plus de 4,4 millions de m2 vacants en Île-de-France.
Si un immeuble entier est inutilisé, pas besoin de chauffage, d’éclairage ou de climatisation. L’empreinte écologique de ces locaux-ci est donc moindre que celle des locaux utilisés. Encore heureux !
En revanche, quand il s’agit d’open spaces utilisés partiellement, la note est beaucoup plus salée. Ceux-ci sont chauffés, éclairés ou climatisés à pleine capacité, alors qu’ils sont sous-utilisés. Cela représente d’énormes pertes d’énergie. La consommation en CO2 des espaces inoccupés s’élèverait à 600 000 tonnes par an.
L’existence d’un parc de locaux inoccupés pourrait entraîner une baisse de la valeur de ces espaces. Cela risque d’engendrer un cercle vicieux : les propriétaires sont obligés de baisser leurs loyers, donc leurs revenus. Ils ne peuvent donc plus rénover, et leurs propriétés s’usent et perdent de la valeur.
Le risque est donc d’avoir un parc immobilier parisien d’immeubles de bureaux de moins en moins bien entretenu, poussant les entreprises à se tourner vers des espaces de meilleure qualité, éloignés de Paris, ce qui ne fera qu'aggraver le problème.
La situation est certes préoccupante, mais ce serpent n’est pas voué à se mordre la queue indéfiniment. Certaines mesures sont envisageables pour contrer ou au moins ralentir le phénomène. Message aux bureaux vacants : c’est fini les vacances !
Un excès d’espace inutilisé en pleine crise du logement : on pourrait croire à une mauvaise blague. Alors que de nombreux particuliers ont de grandes difficultés à se loger, tout cet espace libre a des airs de pieds de nez et fait rire jaune les Parisiens.
La reconversion des espaces professionnels en logements particuliers a un nom : la réversibilité du bâti. Depuis quelques années, Paris s’est engagé dans un processus qui vise à favoriser l’utilisation responsable et frugale de ses locaux.
Tout comme un comptable peut se reconvertir en pâtissier, les locaux professionnels peuvent être reconvertis en logements. Plusieurs initiatives ont ainsi été mises en place, telles que FlatNYou ou UnityCube. Elles promettent de reconvertir les espaces délaissés pour offrir un toit aux jeunes et aux plus démunis.
Si la solution semble évidente, le coût de l’opération est souvent assez élevé : un véritable travail d’architecture doit être mis en œuvre, qui respecte les dernières normes en termes d’isolation. Transformer en logements un immeuble de bureaux coûterait jusqu’à 20 % plus cher que de construire à neuf.
Les communes sont parfois réticentes à ces transformations. Une augmentation de la capacité de logement signifie qu’il faut également augmenter la capacité d’accueil dans les autres infrastructures : crèches, gymnases, écoles, entre autres.
Néanmoins, la ville de Paris, soutenue par la région Île-de-France, envisage d’accélérer ces reconversions dans les années à venir.
On l’a vu : un espace partiellement inoccupé est néfaste à la fois pour l’environnement et pour le porte-monnaie des entreprises. Une solution envisageable serait le partage intelligent de ces grands espaces de bureaux entre plusieurs entreprises. Le modèle du coworking permettrait alors d’utiliser ces locaux à leur capacité maximale.
Et il semblerait que, malgré la faillite récente du géant américain WeWork, le coworking ait encore un bel avenir devant lui en France.
Ainsi, l’idéal serait que les bureaux utilisés le soient entièrement et que ceux qui ne le sont pas du tout puissent être reconvertis en logements. Tout simplement !
À Paris, de plus en plus d’espaces de bureaux se retrouvent vacants. La ville doit prendre ce sujet très au sérieux, car il soulève de lourdes questions économiques et écologiques. ☝️